Banque durable, éthique, solidaire, responsable… Comment s’y retrouver ?

La société étant davantage sensible à la protection de l’environnement et à l’éthique, de nouvelles banques tentent de répondre à ces préoccupations. Mais qu’ont-elles à offrir ?

Face aux consommateurs de plus en plus nombreux à vouloir savoir où va leur argent et à quoi il sert, la finance dite « durable » prend de l’ampleur, notamment à travers les néobanques, qui se multiplient. Cependant, ce type de fonctionnement ne fait pas l’objet d’une définition légale. Il s’agit d’un concept regroupant une multitude de terminologies : banque durable, éthique, placement vert, solidaire, investissement socialement responsable (ISR), etc. Le point commun entre tous ces modèles reste un ensemble de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). C’est-à-dire que les produits financiers intègrent ces considérations ESG, en utilisant des indicateurs relatifs, par exemple, aux émissions polluantes, aux droits de l’homme, à la biodiversité, à l’éthique des affaires ou encore à la lutte contre l’exclusion.

Vraiment durables et indépendantes ?

Désormais, toutes les banques se présentent comme vertueuses en matière de transition écologique et de respect des standards ESG. Pour autant, à part La Banque postale et, depuis septembre 2024, la Nef, qui s’affichent 100 % indépendantes, les autres établissements financiers durables sont, eux, adossés à de grands groupes bancaires, dont certaines entités sont régulièrement pointées du doigt par les ONG de défense de l’environnement pour leur soutien aux énergies fossiles et leur participation à la déforestation – c’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2023, Sherpa a déposé plainte contre BNP Paribas, Crédit agricole et BPCE. Or, au sein de ce dernier groupe, on trouve aussi bien le Crédit coopératif que Natixis. Le premier détient 1 % du capital de BPCE – ce qui, selon la banque, lui permet de garantir sa solvabilité et sa liquidité tout en conservant son indépendance – et il est reconnu comme vertueux par toutes les ONG. Mais le second est un gestionnaire de fonds mis à l’index par les associations et par l’UFC-Que Choisir, qui a défendu la cause de nombreux épargnants lésés… Les néobanques Helios et Green-Got, quant à elles, sont associées à Crédit mutuel Arkéa. Cette entité indépendante coopérative et territoriale, devenue « entreprise à mission » en 2020, demeure intégrée à la Confédération nationale du Crédit mutuel… qui, lui, est souvent cité parmi les banques finançant les énergies fossiles.

De par l’insuffisance de leurs fonds propres, les structures financières durables émergentes ne disposent pas du statut d’« établissement de crédit » que délivre la Banque de France. La réglementation (1) oblige en effet les banques à présenter un ratio minimal de fonds propres puis à constituer un « coussin contra-cyclique », sorte de matelas de sécurité qu’il leur faut alimenter en phase d’expansion économique pour faire face en cas de récession. Dès lors, les fintechs (ce terme, contraction des mots « finance » et « technologie », désigne les sociétés financières innovantes s’appuyant sur le numérique) s’adossent à de grands groupes bancaires, ce qui leur permet de garantir a minima un remboursement de 100 000 € par client en cas de défaillance. Enfin, à défaut de pouvoir octroyer des crédits, ces structures possèdent toutes un agrément d’« établissement de paiement » qu’elles ont obtenu auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Cela les autorise à proposer comptes courants, cartes de règlement, virements, versements et retraits d’espèces.

Les principaux acteurs du marché

Finalement, rares sont les banques 100 % durables et indépendantes. Avant que vous n’investissiez dans un produit, il convient donc de vérifier que les caractéristiques du placement tout comme la politique de l’établissement financier en matière de durabilité vont bien dans le sens de vos valeurs. Pour vous aider à faire le tri, nous vous présentons les principaux acteurs du marché français.

Crédit coopératif

Créée en 1938, la banque coopérative la plus connue affiche de sérieuses garanties en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). De fait, elle finance principalement l’économie sociale et solidaire et la transition écologique. Elle exclut de ses activités certains secteurs comme l’armement, les énergies fossiles, le nucléaire, les pesticides de synthèse, les jeux d’argent ou la pornographie. Le Crédit coopératif offre à ses clients tous les services classiques d’un établissement financier : compte courant, livrets d’épargne, crédits, placements… Il leur présente la liste des projets et des organismes qu’il finance, afin qu’ils puissent flécher leur argent vers la thématique leur tenant le plus à cœur.

La Banque Postale

Nous avons sélectionné cette filiale à 100 % du groupe La Poste, totalement indépendante, car elle est reconnue banque durable par les ONG de défense de la planète depuis qu’elle s’est engagée, en octobre 2021, à « sortir » de toutes les énergies fossiles d’ici à 2030. Elle a donc décidé de cesser de financer les entreprises qui contribuent à l’expansion ou au développement du pétrole et du gaz conventionnels et des hydrocarbures non-conventionnels. Établissement de crédit agréé, la Banque postale propose, en outre, tous les services bancaires : prêt, épargne, etc.

Green-Got

Cette start-up a vu le jour en 2020. Elle se présente comme une alternative bancaire qui finance la transition écologique et énergétique en excluant de ses activités les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz), ainsi que les industries du tabac et de l’armement. Elle se démarque des banques traditionnelles en reversant une part de ses frais d’interchange, sous forme de dons, à des projets œuvrant pour la protection de l’environnement. Autrement dit, à chaque paiement par carte chez un commerçant, la commission prise par la néobanque est investie dans des projets durables, sans contrepartie. Green-Got offre des services comme le compte courant, la carte bancaire ou les virements Iban, mais elle ne peut fournir ni prêt, ni chéquier, ni autorisation de découvert, car elle n’a pas d’agrément auprès de la Banque de France, indispensable pour être considérée comme une banque à part entière. S’agissant des produits d’épargne, la fintech n’est, pour le moment, pas en mesure d’en délivrer. Elle projette cependant de créer, à terme, une assurance-vie GG Planet, à laquelle les consommateurs ont d’ores et déjà la possibilité de souscrire via une liste d’attente.

Helios

Née en 2020, cette néobanque 100 % digitale est une entreprise à mission qui finance des projets d’investissements respectueux de l’environnement. Elle met à la disposition de ses clients des services bancaires comme le compte courant, les comptes jeunes et communs, ou encore les virements Iban. Si elle ne fournit ni prêt ni produit d’épargne, faute de l’agrément nécessaire à l’obtention du statut juridique d’établissement bancaire et de crédit, elle propose une assurance-vie responsable par le biais de son partenaire Goodvest.

OnlyOne

Lancée en décembre 2018, cette néobanque compte définir un nouveau modèle financier, « au service du climat, de la biodiversité et de la société ». Pour ce faire, elle reverse les frais de paiement par carte bancaire à l’entreprise EcoTree, qui achète et entretient des terres et des forêts afin de les convertir en espaces durables. De plus, OnlyOne consacre 60 centimes d’euro par mois et par client à Unitlife, un fonds abrité par les Nations Unies (ONU) qui lutte contre la malnutrition. S’agissant d’épargne, cette fintech ne dispose pas de produits de placements, mais elle a créé une plateforme, la Place Impact, afin de rediriger ses clients vers des partenaires offrant des services écologiques, solidaires et innovants. Parmi eux, Goodvest et son assurance-vie Goodvie, qui comporte des fonds durables labellisés.

La Nef

Cet établissement singulier, qui se définit comme « éthique », est reconnu par toutes les ONG de défense de l’environnement. Le 10 septembre 2024, la Nef est devenue une banque à part entière en obtenant les agréments de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et de la Banque centrale européenne (BCE). Jusqu’à cette date, elle était adossée au Crédit coopératif et ne pouvait proposer que des produits d’épargne durables et solidaires à ses clients particuliers. Elle prévoit désormais d’offrir un service de compte courant avec carte bancaire d’ici à quelques mois.

Combien ça coûte ?

Banque Tenue
de compte
Cartes de paiement Retraits
Crédit coopératif Gratuit ► Carte Visa Classic Agir
à débit immédiat : 47 €/an

► Carte Visa Classic Agir
à débit différé : 47 €/an

► Carte Visa Classic Agir à débit immédiat
et autorisation systématique : 40 €/an

Frais de 1 € par mois
à partir du 5e retrait au distributeur automatique
d’un autre établissement, hors Crédit coopératif,
Caisse d’épargne et Banque populaire

La Banque postale 1,70 €/mois ► Carte de retrait interne : gratuite

► Carte Visa Classic : 45,20 €/an

► Carte Visa Premier : 135,20 €/an

► Carte Visa Platinium : 197,20 €/an

► Carte Visa Infinite : 327,20 €/an

Frais de 1 € par mois
à partir du 4e retrait dans un autre établissement
Green-Got 6 €/mois ► Carte de paiement Mastercard :
gratuite (sans autorisation de découvert)
Frais de 1 € par retrait
au-delà de deux retraits par mois,
quel que soit le montant
Helios 6 €/mois – 3 €/mois
pour le compte
jeunes (18-23 ans)
Carte de paiement Visa :
gratuite
Frais de 0,85 € par retrait
au-delà de cinq retraits par mois,
quel que soit le montant
OnlyOne 6 €/mois – 3 €/mois
pour le compte
jeunes (18-25 ans)
Carte de paiement Mastercard :
gratuite
Frais de 1,50 € par retrait
au-delà de deux retraits par mois,
quel que soit le montant
  1. La directive UE n° 2013/36 (CRD) et le règlement UE n° 575/2013 (CRR), actuellement en vigueur, transposent en droit européen l’accord de Bâle III, élaboré après la crise financière de 2008 pour renforcer la solidité des banques.
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